Face à la complexité croissante des enjeux de mobilité en ville, acteurs publics comme privés cherchent à moderniser leurs outils et leurs méthodes notamment via l’intelligence artificielle. Nathan Laufer, CEO de OUIPARK, revient dans cette tribune sur les enjeux et les leviers pour modeler des villes de demain plus intelligentes, plus agréables et plus durables.
L’être humain est par essence nomade, cependant l’essor des civilisations nous a induit à nous sédentariser. Dès lors des villes, qui peuvent prendre la forme de métropoles, de mégalopoles, sont nées. Ces villes sont en mouvement perpétuel, ce qui entraîne des bouleversements dans la vie au quotidien et engendre des problématiques sur le vivre ensemble.
Il est nécessaire de trouver des solutions à ces problématiques. Il apparaît évident que les nouvelles technologies ont un rôle à jouer pour permettre de trouver des solutions qui œuvrent au bien commun.
Mobilité urbaine : enjeux et défis
Voitures autonomes, IA omniprésente, signalisation intelligente… L’imaginaire collectif de la ville du futur évoque souvent un environnement hyperconnecté. Pourtant, une réalité bien plus pragmatique s’impose : aujourd’hui, une voiture passe en moyenne 95 % de son temps… à l’arrêt. Ce chiffre résume le paradoxe des métropoles contemporaines : des infrastructures saturées d’un côté, des mobilités ralenties de l’autre.
La transformation des villes engendre de nombreux enjeux qui impose de repenser les mobilités dans une vision systémique. Ces dernières années, les habitants des zones urbaines ont massivement adopté les transports en commun et les mobilités douces — vélos, trottinettes, autopartage — pour des raisons à la fois économiques, écologiques et pratiques.
Cette évolution est encourageante, mais elle ne doit pas masquer les difficultés persistantes : transports collectifs saturés aux heures de pointe, conflits d’usage entre modes doux et véhicules motorisés, occupation déséquilibrée de l’espace public.
Le stationnement, quant à lui, reste un angle mort de nombreuses politiques publiques. Chaque année en France, ce sont 68 millions d’heures qui sont perdues par les automobilistes à la recherche d’une place de stationnement (source : Sareco).
Mal géré, il génère de la congestion, du mécontentement et une sous-valorisation des infrastructures existantes. Bien optimisé, il devient un réservoir d’efficacité et de fluidité, capable de réguler les flux, de générer des recettes pour les collectivités, et d’améliorer le cadre de vie.
Ces défis révèlent une nécessité impérieuse : remettre l’usage au cœur des politiques urbaines. Il ne s’agit plus uniquement de développer de nouvelles infrastructures, mais d’optimiser l’existant ce qui est notamment rendu possible par l’utilisation de nouvelles technologies liées aux données et à l’IA. Derrière chaque voiture, chaque vélo, chaque utilisateur, il y a une opportunité d’améliorer collectivement la performance urbaine.
La Tech au service du bien commun
Le développement de la ville de demain passera par une complémentarité accrue entre technologies et expertises humaines. Aider les collectivités et les gestionnaires d’infrastructures en les équipant d’outils performants pourra améliorer concrètement la qualité de vie urbaine.
En amont, il est important de déconstruire l’idée selon laquelle l’IA serait réservée aux grandes entreprises ou aux experts. Lorsqu’elle est bien pensée, l’IA devient un outil accessible, qui automatise les tâches répétitives, améliore l’anticipation, et libère du temps pour des missions à plus forte valeur ajoutée.
Aujourd’hui, un responsable chargé de la gestion d’espaces de stationnement passe en moyenne 20 heures par mois à produire des rapports manuellement, en compilant des données éparses issues de multiples sources. Ce fonctionnement, lourd et chronophage, freine la prise de décision.
Néanmoins, les plateformes permettant de centraliser ces informations changent la donne, elles permettent de passer d’une logique d’intuition à une logique de pilotage, avec des tableaux de bord simples, exploitables et regroupant toutes les informations nécessaires.
Ce type d’approche transforme profondément la gestion opérationnelle. Ce gain de temps permet aux équipes de se recentrer davantage sur les enjeux stratégiques et sur la qualité de service et moins sur les tâches opérationnelles à faible valeur ajoutée.
Une transition maîtrisée, humaine et durable
Construire une ville intelligente et durable suppose une mobilisation collective autour de nouveaux référentiels. L’enjeu ne se résume pas à une course à la technologie. Il s’agit d’insuffler une nouvelle culture de l’efficacité, de la sobriété et de la proximité, en réconciliant usages, données et expertises de terrain.
La Ville de Demain ne sera pas seulement plus connectée, elle sera également plus agile, plus agréable, plus humaine – à condition de construire cette transition avec celles et ceux qui la font vivre au quotidien, en les outillant efficacement.
Alors certes, certaines professions vont disparaître, l’histoire regorge d’exemples similaires : l’invention de l’imprimerie a mis fin au métier de moine copiste, mais a permis l’émergence de nouveaux rôles plus polyvalents, mieux adaptés aux besoins de leur temps. Il en ira de même demain avec l’apparition de nouveaux métiers tels que prompt engineer ou data scientist.
L’enjeu n’est pas de freiner cette transformation, mais de l’accompagner avec lucidité et ambition. S’adapter n’est pas une option, c’est une constante de l’histoire humaine. Et c’est dans cette capacité à anticiper, à former, à coopérer que se trouve la clé d’une ville plus vivable, plus durable, et résolument tournée vers l’avenir.
